Où me porte la pente...

Publié le par maison-latger

 

 

La vie est si courte mon amour.
Et c'est une pression que de l'avoir à l'esprit.
A chaque seconde qui passe. A chaque minute. Chaque jour.
Employer ce capital à bon escient. Ne rien perdre. Ne rien gâcher.
Lutter pour être en accord avec sa propre nature. Ne pas se perdre soi-même.
Comme nous sommes déchirés aux choix que nous faisons.
Le chemin que l'on emprunte. Plutôt qu'un autre. Pourquoi celui-ci ?
Quand nous devons faire confiance en notre intuition.
Avoir confiance en nous-mêmes qui avons nos raisons.
Nous pouvons ne pas nous reconnaître ou ne pas nous comprendre.
Notre corps est au service de notre subconscient. Il sait pour nous.
Souvent. De quoi nous avons réellement besoin.
Se faire confiance. Quel repos pour l'esprit.
Quand il est soulagé d'errances intestines qui peuvent paralyser.
Il est bon de savoir que nous sommes ici-bas pour quelque chose.
Même si ce n'est que pour jouir du monde auquel nous prenons part.
La lumière jaune d'un sirocco brûlant vient caresser mes vitres.
Un automne de plus. Et un été indien.
Qui peut au choix être une contrainte ou une opportunité.
Qui peut au choix être une source d'angoisse ou une source d'espoir.
Nous en faisons ce que nous en voulons. Pour moi c'est un départ.
La marche jusqu'à la gare. Le train jusqu'à Paris. Le mouvement.
Pour moi qui étais allé si loin sans sortir de ma chambre.
J'avais pu en trois ans découvrir l'univers depuis l'appartement juché dans son platane.
Lorsque c'est immobile que j'ai pu voyager aux racines du mal et de ma vérité.
J'ai coupé la mauvaise herbe. Patiemment. Avec méthode.
Pris le temps de soigner ce qui compte à mes yeux. Réfléchir à la suite.
Le temps que l'on m'accorde. Que fallait-il en faire ? Où était le challenge ?
Quelle était la raison de ma venue sur terre ? Ou quel sens lui donner ?
J'avais besoin de ça. De retrouver les miens. Et de te rencontrer.
Reconstruire le mythe de mon propre destin. De ma propre existence.
Et tu as eu ton rôle. Dans cette renaissance. Comme détonateur.
La fusée éclairante. Et sa pluie de phosphore. Pour embraser la nuit.
Indiquer cette route que j'avais négligée. Que j'avais ignorée.
Dont j'ai toujours pensé qu'elle était une impasse.
Et pour laquelle je sais que je m'étais trompé.
Il était plus qu'urgent de me mettre à l'abri. A celui de tes yeux. A celui de ta bouche.
A celui de cet arbre qui a veillé sur nous. Exorciser le diable et son lot de poisons.
Purifier mon regard dans la braise du tien. Et me reconstituer.
Sans le savoir sans doute, c'est toi qui m'as soigné.
Qui m'a donné le temps que j'ai choisi de prendre.
Et qui n'est pas perdu quand je vois le progrès.
La vie est si courte, mon amour.
Qu'elle vaut la peine qu'on s'y arrête un peu.
Qu'on la brûle à l'envi, à l'ennui, la paresse,
au silence absolu pour se regarder vivre.
Je reprends mon cartable, mon bagage, et les gants que j'avais raccrochés.
Avec de nouvelles forces qu'on ne soupçonne pas avant la quarantaine.
Trois ans dans ta chaleur et celle de ma ville. Ce n'était pas un break.
Ce n'était qu'un palier. Une articulation. Et je n'oublierai rien.
Je t'emporte avec moi où me porte la pente
que je peux remonter.

 

 

 

 

 

Philippe LATGER
Octobre 2013 à Perpignan
       
   

Publié dans 40 lunes

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