Pornographie

Publié le par maison-latger

 

 

Entre la clavicule et le lobe de l'oreille, il y a une bande de peau, sur le cou, de côté,
que tu peux lécher, si l'empreinte du parfum ne t'indispose pas au lieu où je le vaporise,
chercher de ta langue une artère que tu pourrais déceler, carotide vibrante, sentir vivre
au rythme de mon pouls, qui soudain s'accélère, quand tu passes la toile de l'épaule à ma barbe.
Pilosité râpeuse au coin de la mâchoire. Quand tu cherches ma bouche à sa place dans le noir.
Tu essores ta langue à la mienne. Reprends ta respiration.
Pour lisser le menton, en trouver la fossette.
Quand le rasoir humide à la tête pivotante
veut descendre dans mon cou que je tends pour l'aider.
L'organe aussi vorace que sensible, cherche à palper ma pomme d'Adam lorsque je déglutis.
L'éponge vascularisée qui jaillit d'entre tes lèvres, joue avec le cartilage saillant
relatif à mon sexe, qui t'échappe en bougeant, impossible à croquer,
d'un larynx tyrolien qui trahit ma panique.
La salive étalée au petit bénitier au sommet du sternum, si onctueuse,
va suivre cette langue de poils qui se densifiera dans le lit d'un passage entre mes pectoraux,
où elle ne rencontrera pas, ni jamais, le métal un peu froid d'un pendentif, ni aucune médaille,
hésitante à gagner, pour être juste au centre, celui de gauche, ou celui de droite,
des deux tétons que j'ai, et qui s'attendent un peu à être lubrifiés.
Aux pressions de tes lèvres, la zone est érectile, quand ce sont des arêtes d'émail tout à coup
qui remplacent les coussinets humides pour venir mordiller l'une de ces extrémités réceptrices.
Ma main dans tes cheveux veut ramener ta bouche à la mienne. Elle comprend la manoeuvre.
Et n'y résiste pas. Pour m'enrober de révolutions aqueuses et de brasses furieuses.
Maintenant en alerte toutes les terminaisons nerveuses. A ce voluptueux chambardement.
A ta peau écumante qui adhère à la mienne, fait tout frémir en surface avant l'ébullition,
mes mains fouillent le sable, aux moiteurs de nos ventres,
du sommet de ta nuque à la chute de reins.
Quelque chose veut entrer ailleurs que dans ta bouche. Quand je n'y songe pas.
Réaction autonome. Quand je ne pense à rien. Enveloppé de toi.
Ignorant pour l'instant ce qui fait de moi un homme.
Pour être juste un corps qui épouse le tien. Se laisse caresser. Couvrir de tes empreintes.
S'adapte à ton essence. A ta respiration. Lorsque tout se confond avec délectation.

Impossible de distinguer ma transpiration de la tienne. Qui fait quoi. Qui est qui de nous deux.
Quand je traverse le derme et les muscles pour venir à ta place, que je remplis l'espace
plus sûrement encore qu'à la pénétration, quand je viens te rejoindre au coeur de la prison.
Que les murs ont fondu. Qu'il n'y a plus de frontières.
Et que tout s'entremêle au métal en fusion.
Qu'il n'y a plus de matière. Tout est pulvérisé.
La raison démissionne quand elle perd le contrôle.
Que c'est la Nature qui parle. Qu'elle a pris les commandes. Et qu'elle fait son ouvrage.
A ses déhanchements. Sûre de ses intérêts. De ses motivations. Quand nous sommes aveugles.
Deux pantins enfiévrés dépassés par l'instinct. Qui ne s'éveilleront qu'au grand éblouissement.
Et aux éclaboussures des derniers soubresauts.
Des dernières convulsions d'un effort fantastique.
Le sentiment est là pour transcender la tâche, huiler la mécanique. Décupler le plaisir.
Les moindres sensations. Donner un sens humain à ce qui est animal. Donner un sens divin.
Quand on déchoit les anges. Qu'on recrée l'univers. Que l'amour nous sublime.
Et nous rend éternels.

 

 

 

 

 

Philippe LATGER
Décembre 2011 à Perpignan

 

 

Publié dans 40 lunes

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article