Suspendu

Publié le par maison-latger

 

 

Les marteaux sur les cordes. Le piano. Pas de vent dans les branches.
Si je jouais, là, tout de suite. Ce ne serait pas très gai. L'ivoire du piano.
Je ne suis pas malheureux. C'est juste le coeur qui soupire. Immobile.
Le feutre des marteaux. Il ne pleut pas encore. Les cordes du 15 août.
La fête de la Vierge. La Vierge des vierges. Ste Marie priez pour nous.
J'attends l'orage. J'attends que ça craque. J'attends que tout s'écroule.
Satie. Gymnopédie. Le pédalier. Le tabouret. La laque noire.
Fenêtres ouvertes. Il n'y a pas d'air. Je perçois un film de fraîcheur.
Fin comme du papier à cigarette. Presque transparent. L'humidité.
L'orage n'est pas loin. Sous mes doigts. Dans le ciel. Les nuages. De fumée.
Edvard Grieg. Manuel de Falla. Maurice Ravel. Je cherche de l'aide.
Le capot ouvert. Les mains dans le moteur. Les mains dans le cajon.
La lumière a changé. Ma perception du monde. Mon interprétation.
La note est suspendue. Elle se balance. Au bout de la corde.
Je ne suis pas malheureux. J'ai l'angoisse du calme. Me tarde la tempête.
J'attends que ça craque. Que ça tonne. Que ça pète.
Puisque je n'ai pas tes bras. Que je n'ai pas mon piano. Il me reste les mots.
Qui reconstituent tes bras. Les notes de sept octaves. Qui ne remplacent rien.
Mais me sortent d'un gouffre. Un gouffre de silence. Et d'immobilité.


 

 

Philippe LATGER
Août 2011 à Perpignan

 

 

Publié dans 40 lunes

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