Fin août

Publié le par maison-latger

 

 

Le feuillage n'a plus si fière allure. L'été l'a malmené.
Il est facile désormais d'envisager la prochaine étape.
Chaque feuille ne tient plus qu'à un fil. Et au prochain coup de vent...
Le café que je bois me tient songeur à ma fenêtre.
Je n'ai pas peur de l'automne. Depuis que je ne suis plus écolier.
Depuis que je ne suis plus lycéen, étudiant, je ne crains plus septembre.
L'automne n'est plus un monstre. Depuis que je te connais, ce serait même un mot doux.
Puisque nous serons ensemble. Que les vacances ne nous sépareront plus, pour un temps.
Et que j'aurai plaisir, même au changement d'heure, à attendre ta venue à travers les carreaux.
L'été n'a rien perdu de son intensité. Ce sont les autres saisons qui se sont mises à niveau.
Qui ont gagné en puissance depuis que je te connais. En violence et en sensualité.
Qui ont gagné en érotisme. Au froid et à la pluie. Au vent et à la nuit.
Puisque j'ai ton sourire. Puisque j'ai ton regard. Puisque j'ai ton abri.
Pourquoi redouterais-je la rentrée lorsqu'elle annonce nos retrouvailles ?
Je l'ai attendue ! Sans impatience. Tranquillement. Sereinement. Et elle s'en vient.
Elle prend son temps. Et je suis heureux, enfin, de ne plus le subir.
Ai-je écrit quelque part qu'il était mon ami ? Ai-je pu écrire cela du temps ?
Convaincu jusqu'alors de sa férocité, de son injustice, de son indifférence.
Il était un problème. Il est la solution. C'est un drôle de constat.
Que je fume en rêvant, au platane épuisé qui remplit mon espace.
Il cache encore la pierre avec difficulté. Semble lutter contre le sommeil.
Il retrouvera toute sa superbe après quelques mois d'hibernation.
Mais pour l'heure, la nature résiste. Les paupières un peu lourdes.
Et je m'étire de plaisir à l'engourdissement. Hiberner avec toi...
Une mort en avance. L'avant-goût délicieux. Celui d'une éternité paisible.
Quand je me réjouis que l'on ferme le couvercle d'un cercueil à deux places.
Le caveau secret. Exclusif. Confortable et douillet. Où je respirerai ta nuque.
Qu'on m'enterre avec toi. Ici, à Perpignan. Loin de tout. Loin du monde.
C'est la répétition de la dissolution. Du retour à la terre. Et de l'oubli de soi.
Ramassés sous la couette. Où l'air vient à manquer. Blottis l'un contre l'autre.
A ne penser à rien. A ne craindre personne. S'il n'existe plus rien.

 

 


Philippe LATGER
Août 2011 à Perpignan

 

 

Publié dans 40 lunes

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